Après les trois BD, voici donc deux livres. Deux livres très différents… quoi que … Je n’ai pas trop l’habitude de parler de mes lectures (hormis les BD) et je crois bien que c’est la première fois. Ce qui m’y invite ce n’est pas un enthousiasme de midinette pour un livre et vous crier : ‘Oh c’est super !! Alléluia !‘ Euh non, c’est pas trop mon truc. Si je souhaite en parler c’est qu’en ces deux livres je retrouve – et de manière paradoxalement différente – une même ligne : celle de la question d’une foi raisonnée. Le premier ouvrage est une compilation ordonnée de poèmes et de lettres de fr.Christophe, moine de Tibhirine. Le second livre, mêlant avec soin essai, aphorismes, réflexions… est celui de Maurice Bellet. Et il y a de la poésie dans ce dernier essai et de la réflexion dans le premier.
“Dieu écrit droit avec des lignes courbes“. On prête ces mots à Paul Claudel. Des courbes, des dessins, textes en forme de dessins : il y a du ‘divin’ dans l’écriture de frère Christophe, et à juste titre on pourrait parler de mystique (dans le bon sens du terme). Mais ses poèmes sont loin d’être de simples successions de rimes. S’il y a du sentiment, il n’y a pas de sentimentalisme. Aujourd’hui, sans doute à force de nous asséner qu’elle appartient au domaine privée, la foi ‘privée’ est souvent privée d’une indispensable intelligence (au sens d’écoute,d’entendement). A chacun sa foi : choisissez ce qui vous plait. Ce qui me marque chez fr. Christophe, c’est que derrière devant ces poèmes, s’exprime un homme de prière, un homme soucieux de ses frères, et à l’écoute de l’Ecriture. La croix du Christ est présente à chaque lettre, à chaque virgule. C ‘est ce que j’appelle une foi raisonnée : une foi qui ne part pas d’un sentiment personnel, une foi subjective, mais une foi qui accueille un Message, tout extérieur, celui du Tout-Autre qui se fait Tout-Proche : cet Evangile. Et ce n’est pas une foi ‘froide’ qui s’exprime c’est bien la Foi qui le brûle jusqu’au bout. Bref : un très beau témoignage qui ravira ceux qui ont été marqués par le film ‘des hommes et des dieux‘. Il y découvriront un ‘autre’ frère Christophe.
Frère Christophe, Aime jusqu’au bout du feu, Monte Cristo, 1997, 180p.
L’autre ouvrage, celui du p. Maurice Bellet, est bien différent. Il s’agit là de réflexions sérieuses écrites parfois non sans humour (comme quoi ce n’est pas incompatible). Dans sa première partie, sous forme d’une encyclique Semper in via, ecclesia christi (Toujours en chemin, l’Eglise du Christ…), Maurice Bellet affronte la question des défis de l’Eglise pour aujourd’hui dont celui de remettre la pensée (et y compris la pensée critique) au coeur de la mission. C’est un appel à oser la vérité en conscience, par l’écoute de l’Evangile, et dans la charité. “Il n’est peut-être pas fâcheux pour l’Eglise que le seul pouvoir qui lui reste soit de pouvoir servir la vérité…” (p.23) C’est un appel à retrouver l’élan évangélique et créateur des Pères de l’Eglise, des théologiens du Moyen-Age, mais aussi des humbles fidèles. “L’Eglise attend et espère que se lèvent en elle des initiatives comparables à celles que prirent François d’Assise, Ignace de Loyola… C’est au sein du peuple fidèle, et souvent parmi les plus humbles, que l’Esprit se plait à commencer ce qui sera joie pour l’Eglise et salut pour les humains” (p.30).
Dans cette entreprise, Maurice Bellet, ne donne pas de réponse mais ouvre un chemin, celui de retrouver une Foi raisonnée puisant à l’Evangile, pour être capable d’entendre les critiques, et proposer des expressions nouvelles, vraies et cohérentes pour le monde.
Maurice Bellet, Minuscule traité acide de spiritualité, Bayard spiritualité, 2010, 99p.
Bref, si vous ne savez quoi lire ou si vous hésitez pour votre lecture de carême… sans oublier le livre qui à mon avis est passé inaperçu et qui pourtant est d’une grande richesse : l’exhortation apostolique Verbum Domini. Oui je sais : le titre fait déjà peur, mais je vous assure c’est lisible ! Je vous en reparle ?… à suivre.
Bonjour,
Je souhaiterais simplement savoir quel est le tableau qui figure en haut à gauche de la page, au-dessus de la couverture du livre de Frère Christophe.
Merci
Bénédicte
@David & @tous – Je n’en ai pas parlé mais les trois autres parties du ‘traité acide..’ sont d’un genre différent : un récit de voyage dans la foi (bonne méditation), une exhortation aux personnes qui pensent être au plus bas (très bon), et quelques aphorismes (très sérieuses, droles et acides).
Allez je te livre ma ‘facétie’ préférée :
“Au moment de sa passion, le Christ ne se flagelle pas lui-même. La mortification qu’on lui afflige lui parait suffisante.”
Et pour finir :”Il n’y a que deux excuses à parler de Dieu : le plaisir et la nécessité. Tous les autres motifs sont fâcheux, spécialement le devoir et l’intérêt”…
😀 je me gausse à chaque fois !!!
PS: joli blog suivi depuis pas mal de temps. il est temps de linker.
j’aime bien lire Bellet. A chaque fois il m’exaspère mais déplace mes positions. Jolie outrance, impossible à digérer comme tel, et évangélisation de nos pratiques.
vu aussi un reportage sur le fr. Christophe, loin des doutes attribués dans le film, passionnant aussi. Merci François.
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@Bénédicte – Bonjour, il s’agit là d’un détail du tableau de Rubens ‘le repas chez Simon le pharisien’.
voir : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rubens-Feast_of_Simon_the_Pharisee.jpg?uselang=fr
Bonjour,
Je souhaiterais simplement savoir quel est le tableau qui figure en haut à gauche de la page, au-dessus de la couverture du livre de Frère Christophe.
Merci
Bénédicte
@David – et merci pour le lien.
@David & @tous – Je n’en ai pas parlé mais les trois autres parties du ‘traité acide..’ sont d’un genre différent : un récit de voyage dans la foi (bonne méditation), une exhortation aux personnes qui pensent être au plus bas (très bon), et quelques aphorismes (très sérieuses, droles et acides).
Allez je te livre ma ‘facétie’ préférée :
“Au moment de sa passion, le Christ ne se flagelle pas lui-même. La mortification qu’on lui afflige lui parait suffisante.”
Et pour finir :”Il n’y a que deux excuses à parler de Dieu : le plaisir et la nécessité. Tous les autres motifs sont fâcheux, spécialement le devoir et l’intérêt”…
😀 je me gausse à chaque fois !!!
PS: joli blog suivi depuis pas mal de temps. il est temps de linker.
j’aime bien lire Bellet. A chaque fois il m’exaspère mais déplace mes positions. Jolie outrance, impossible à digérer comme tel, et évangélisation de nos pratiques.
vu aussi un reportage sur le fr. Christophe, loin des doutes attribués dans le film, passionnant aussi. Merci François.