Karting … avec un K comme carême

Mercredi (2e sem. de Carême)

Karting : sport automobile se pratiquant sur un kart sur un circuit fermé. Le kart est une petite voiture pour la course, sans toit, sans coffre, et sans place passager. Bruyant, et ras du sol, le kart peut néanmoins atteindre les 200 km/h, voire plus. Le but d’une course de karting est, pour le plus doué et le plus rapide, d’arriver le premier, ou bien, pour le débutant, de réussir, tant bien que mal, à boucler son premier tour de circuit, sans trop aller dans le décor.

Le top départ vient à peine d’être donné : « Voici, montons à Jérusalem », que déjà une fan inconditionnelle voit ses fils sur le podium : « Voilà mes deux fils : ordonne qu’ils siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. » Déjà, elle les voit, la coupe de la victoire en main, sabrant le champagne qu’ils boiront goulument avant d’en asperger leur public ! 

Depuis plusieurs jours, les textes des évangiles nous rapportaient différents propos de Jésus sur ces disciples qui veulent être les premiers ou supérieurs aux autres.

Lundi : Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés. Lc 15,36
Mardi : Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. Mt 23,12
Et aujourd’hui : Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave. Mt 20,27

La condition de disciple est fortement liée à cette dernière place, à l’abaissement, au service… Il ne s’agit pas là de mortification ou de vraie-fausse humilité. L’enjeu de cet ‘abaissement’ jusqu’à la dernière place est le service du frère. Dans une course, de karting, mais aussi dans nos vies quotidiennes, notre profession, ‘être devant’ traduit souvent notre volonté de succès, de réussite. Mais de quelle réussite parle-t-on ?

Le premier est celui qui a dépassé le dernier, celui qui parfois est en difficulté. Or la vie ecclésiale nous oblige à être attentif à ce dernier, à celui qui est en panne au bord de la route. Car marcher à la suite du Christ, c’est marcher ensemble, attendre le dernier voire le porter. Cela vaut aussi dans nos relations sociales ou professionnelles : mon devoir est-il d’être le meilleur, ou d’être meilleur ? Et, il ne s’agit pas seulement de  morale à deux balles.

Car derrière le souci du frère, se révèle un enjeu théologique vital : quel signe donnons-nous à voir du Christ qui a su donner sa vie par amour ? Comment cet amour me fait-il vivre ? Mes gestes, mes ambitions, sont-ils à la mesure de cette véritable humanité qu’il nous révèle, et cela jusque sur la Croix ? Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. Si le Christ nous restaure dans notre humanité, comment pourrions-nous être incapables de soutenir nos frères les plus fragiles ? Il ne s’agit pas de faire de grands sacrifices : des petits gestes parfois suffisent à rendre compte de la charité du Christ.

Notre réussite n’est pas de devenir premier (même en piété), mais de mettre le devenir de mon frère en premier.

Celui qui veut réussir sa course,
 sera celui qui dépannera le dernier.
(d’après Mt 20,27)

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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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