Sal*** de Cendres !

“Sal*** de Cendres” – mea culpa –  c’est parfois ce qui me vient à l’esprit juste après avoir marqué le front des fidèles présents à la cérémonie de ce mercredi, premier jour de Carême.

Ces cendres qui vous collent aux doigts, s’immiscent jusque sous les ongles… juste avant l’eucharistie que l’on voudrait célébrer dignement les doigts blanchis : impossible ! Il en restera toujours, à moins d’y passer au moins quinze minutes à récurer. L’opération  ‘mains propres’ devient impossible : heureux présage pour un début de Carême !

cendres

Nous n’entrons pas en Carême comme on entre dans une laverie avec MON paquet de linge sale, MON détergent de piété et MON adoucisseur de charité. Comme si seuls mes efforts suffiraient à me grandir, parfait, aux yeux de Dieu, ou seraient le présupposé nécessaire à la conversion. J’aurais beau me laver tout entier à la brosse à chiendent, tout cela ne servirait à rien !

Au lieu d’un geste qui nous lave et nous rend propre, voilà qu’en ce jour, nous sommes salis ou plutôt marqués de cendres avant le feu de Pâques. Ces cendres s’accrochent à notre peau, à nos cheveux, comme si Dieu voulait encore plus se fixer à nous, nous marquer de son amour afin que celui-ci suscite notre conversion. Dieu qui s’est sali les ‘mains’ pour  nous créer de cette cendre de terre (Gn 2,7) met encore la main à notre pâte humaine que nous sommes :  créatures glaiseuses, fragiles et faillibles… et pourtant toujours aimés.

Ces cendres  si petites qui nous marquent  : qui peut les compter ? Aussi nombreuses que nos frères et sœurs, tout aussi fragiles que nous, parfois invisibles mais vers qui nous sommes envoyés, ambassadeurs du Christ (2Co 5,20). Et nous voilà, de cap et de cendres, mais ni  super-héros de la charité, ni professionnels de la foi, ni rhéteurs d’espérance… mais nous voilà frères discrets et témoins joyeux, unis par le Christ et vivants du Christ. ‘Réunissez le peuple‘ disait déjà le prophète Joël, non pour parader mais pour témoigner de l’amour du Père. Absorbés à écrire notre liste d’efforts et surtout celle des autres, nous oublions trop souvent ce caractère ecclésial-et-missionnaire du Carême – ces jeûnes personnels gardez-les dans le secret comme Il dit, (à ce propos, allez lire cet article de Jibitou : ‘Tuer le Moi-Je’ ).

@flickr-StevenDepolo
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Je souris jaune à voir celles et ceux qui, aussitôt marqués de cendres ou aussitôt sortis, s’évertuent à effacer ces marques pour ne pas paraître ridicules devant la boulangère, pour rendre son éclat à sa coiffure… comme moi je me démenais à brosser ces mains sales.  Oui, parfois, Dieu et Sa Parole nous dé-range de nos vies que l’on voudrait bien rangées et bien propres. Pourtant n’y-a-t-il pas plus de joie à se salir les mains pour l’Evangile – comme un môme aime à vous montrer ses mains peinturlurées – qu’à vouloir les garder propres à tout prix ? Laissons le Christ nous ‘af-fronter’, affronter nos orgueils, nous relever le front pour que nous regardions et rencontrions ce monde avec espérance et que ce monde puisse, par notre vivre-ensemble, voir le sourire du Christ et humer le parfum de l’Esprit qui nous anime… y compris à travers nos cendres.

P.S. : Et si vous voulez des cendres pour colorer le monde c’est ici ou encore

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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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