Rencontre #12 … avec Joseph, en quête d’un possible

Saint Joseph

Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret.” (Mt 1,16-24)

Effectivement ça change tout : au lieu de livrer Marie à l’opprobre public, au risque de peut-être subir la lapidation (selon Dt 22,3-24), Joseph préfère la répudier en secret. En secret ? Est-ce possible ? Aurait-il pu renvoyer Marie chez elle sans que cela ne se sache ? Il n’aurait pas fallu longtemps pour qu’à Nazareth, le lien soit fait entre ce mariage rompu et la grossesse de Marie. Quel avenir pour elle in fine ? Ce projet de répudiation en secret est pour le moins étrange et cela n’a certes pas dû échapper à l’évangéliste Matthieu. Dès lors pourquoi n’a-t-il pas clarifié son récit ? Pourquoi ajouter cette mention ‘en secret’ ?

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Joseph est un homme juste, c’est-à-dire ajusté à la volonté de Dieu et à sa Loi. Or, Joseph est prisonnier d’un dilemme : préserver la vie de Marie, sa réputation, et obéir à la Loi. Aussi, Joseph entre dans une casuistique si improbable qu’elle amènerait même un légiste ou un avocat à la déprime. Pour les plus courageux, j’essaie de préciser : (les autres passer à l’autre paragraphe).

Étant trouvée enceinte avant son mariage, la Loi est claire : Si une jeune fille vierge est fiancée à un homme, et qu’un autre homme la rencontre dans la ville et couche avec elle, vous les amènerez tous les deux à la porte de cette ville, vous les lapiderez et ils mourront: la jeune fille, du fait qu’étant dans la ville, elle n’a pas crié au secours; et l’homme, du fait qu’il a possédé la femme de son prochain. Tu ôteras le mal du milieu de toi. (Dt 22,23-24). Cependant, Joseph dans sa miséricorde préfère  s’appuyer sur la Loi concernant la répudiation :  Lorsqu’un homme prend une femme et l’épouse, puis, trouvant en elle quelque chose qui lui fait honte, cesse de la regarder avec faveur, rédige pour elle un acte de répudiation et le lui remet en la renvoyant de chez lui, (Dt 24,1). Joseph pousse encore le bouchon “casuistico-judiciaire” en ajoutant cet impossible codicille du ‘secret‘ comme pour la préserver un peu plus, comme si la Loi ne comblait pas son désir de justice miséricordieuse.

On le voit bien, la logique n’est pas claire, surtout pour ce qui est de l’avenir de Marie… et tout cela reste donc à l’état de projet : le dossier est en sommeil, et Joseph aussi. La Loi de Moïse ne se confond pas avec un code législatif, elle est Parole de Dieu, au service du dessein divin. Par l’ange du Seigneur, la Parole de Dieu vient réveiller Joseph de sa confusion, et le libérer d’une logique purement humaine et légaliste, et lui ouvrir un possible. Dès lors, il n’est plus question de Loi mais d’histoire du Salut et de Promesse que cet enfant va accomplir. Il est celui qui sauvera son peuple de ses péchés. Or, n’était-ce pas le rôle de la Loi de sauver du péché ?

Paradoxalement, le Christ entre dans le monde en toute inégalité, hors-la-Loi, parce que lui-même, est la Loi de salut que Dieu nous donne. Et non seulement, il vient nous sauver du péché mais aussi de nos attitudes trop légalistes qui peuvent nous faire oublier la véritable relation à Dieu, à sa Parole, à son Salut… à son Christ.

François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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