Rencontre #13 … ou pas !

Jeudi (2e sem. de Carême)

Il y avait un homme riche, qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux. Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies.” (Lc 16,19-31)

Deux hommes qui ne se rencontreront jamais, ni de leur vivant, ni après leur mort… Durant leur vie, un portail les sépare, après leur mort, c’est un abîme. Terrible parabole qui nous parle aussi de plaies, de chiens, de fournaise et de torture…

A priori, la morale de l’histoire paraît simple : à ceux qui ont connu le malheur, le bonheur leur sera donné aux côtés d’Abraham, pour les autres ayant vécu dans le luxe : la fournaise ! Simple, du moins si la parabole en restait là.

Lazare_Bronnikov

Jésus sombrerait-il dans une théologie de la rétribution ? Nous pourrions le penser si ce récit n’était pas une description de l’avenir mais une parabole qui nous mène, comme toujours, à voir plus loin que la lettre. D’un côté, un homme riche, anonyme – ce pourrait-être chacun de nous – vivant dans le luxe et faisant bonne chère. D’un autre côté, Lazare, pauvre et blessé. Ils sont dans ce même espace qu’un simple portail sépare. Or au lieu de servir l’hospitalité et la rencontre, cette porte ouverte sur le luxe apparaît comme une fenêtre sur l’injustice, une fenêtre de prison, impossible à franchir sinon par la charité dont est incapable l’homme riche.

Puis, de la disposition horizontale (sur terre), la parabole nous livre une disposition verticale : à sa mort, Lazare est enlevé au ciel par des anges; l’homme riche est enterré en terre. Désormais, c’est un grand abîme qui les sépare. Si, Lazare goûte à la Joie de Dieu, aux côtés d’Abraham, une place d’honneur, l’homme riche est tombé bien bas jusque dans la souffrance. En fermant sa porte à Lazare, il s’est écarté de l’amour de Dieu. Ou pour le dire autrement, nos portes ouvertes à la charité, sont aussi des portes ouvertes à Dieu. L’un ne va pas dans l’autre.

Mais la parabole ne s’arrête pas là : Le riche répliqua : ‘Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. J’ai cinq frères : qu’il les avertisse pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture !”. L’on pourrait croire, qu’il fait preuve de regret… s’il ne pensait pas seulement aux siens et se servir de Lazare comme ‘preuve’ et ‘moyen de pression’. Pour lui, se convertir c’est se garantir un ‘paradis’… mais non entrer en relation, s’ouvrir la rencontre et du pauvre et de Dieu, par amour et non par intérêt ! Or cette rencontre en vérité s’offre à nous tous dans l’écoute de la Parole, Moïse et les Prophètes, jusque dans notre agir gracieux.

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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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