La Bible en BD de M. Pearl en est, hélas, un exemple-type. Prise comme outil d’évangélisation, la BD sert une idéologie. Le Dieu ainsi dessiné est un Dieu de la peur et non un Dieu de grâce. Pour lui plaire et éviter sa vengeance, les patriarches et les prophètes ne cessent de lui offrir des sacrifices sanglants.
Au pied de la croix, le centurion proclame sa foi, non pas en contemplant le crucifié, mais par peur du tremblement de terre : « Le centurion et ceux qui avec lui gardaient Jésus, ayant senti la secousse et ce qui arrivait, eurent très peur et dirent : Vraiment celui-ci était Fils de Dieu » (p. 270).
Cette interprétation des Écritures comme des récits valorisant la lutte du bien et du mal, à la limite du dualisme, contredit le Dieu biblique qui fait alliance avec l’humanité par Israël.
Dans la Bible, Dieu est complexe : créateur, libérateur, berger, guerrier, juge, père, passionné, coléreux, miséricordieux, etc. On ne peut le réduire à un ou deux aspects. Seuls les épisodes qui développent sa théologie conservatrice sont choisis par M. Pearl.
Rien d’étonnant quand on sait qu’il est le fondateur du mouvement américain No Greater Joys qui affiche clairement une pensée créationniste. S’il voulait « apporter le message de Jésus-Christ à ceux qui n’ont l’ont jamais entendu », cet album pourrait bien rendre certains lecteurs encore plus hermétiques à la foi chrétienne.