Rencontre #22 … Va voir ailleurs ! dit Jésus à l’aveugle

4e dimanche de Carême (année A)

Jésus guérit un aveugle en lui disant d’aller voir ailleurs. L’aveugle devient l’envoyé, un envoi pour témoigner de celui qu’il ne verra qu’en toute fin du récit lorsqu’il confessera réellement sa foi. C’est plutôt paradoxal, mais cela rejoint bien notre propre condition chrétienne : témoigner du Christ qui nous a ouvert les yeux au baptême, alors que nous ne percevons pas tout de Lui. L’histoire de cet aveugle-né rejoint ainsi la nôtre : notre foi se construit aussi par le témoignage, en paroles et en actes.

aveugle-ne

“…Il nous faut réaliser l’action de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle, et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : Envoyé). L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait…” (Jn 9,1-41)

Une fois guéri, notre ex-aveugle-né ne saurait donc reconnaître le visage de Jésus. Ce qu’il sait de lui, c’est par l’expérience de salut qui lui a été offerte, mais une expérience qui se révèle peu à peu à lui. Dans ses confrontations avec ceux qu’il rencontre, il est sommé de répondre à la même question : ‘Comment tes yeux se sont-ils ouverts ?’. Au fur et à mesure du récit, sa réponse pourtant évolue, elle n’est jamais la même. Et l’expérience du ‘miracle’ se traduira ainsi en profession de foi.

Ainsi, quand ses voisins, curieux du fait merveilleux et miraculeux,  lui demandent ‘Comment tes yeux se sont-ils ouverts‘, l’aveugle guéri répond : “L’homme qui m’a fait cela..” poursuivant dans la description du geste d’un guérisseur.

Aux pharisiens effarés qu’un homme puisse prendre de la boue un jour de sabbat (même pour guérir), l’homme qui a recouvré la vue s’attarde encore moins sur les détails du geste de Celui qui l’a guéri et affirme à son propos ‘C’est un prophète‘. Un peu plus loin, il résumera le fait en quelques mots : ‘J’étais aveugle, et maintenant je vois‘. A ce point du récit, il se dit même vouloir être le disciple de Celui qui fait la volonté de Dieu.

Ainsi l’homme témoigne, encore et encore. Il subit un véritable interrogatoire. Et le témoin aveugle du miracle devient disciple reconnaissant pour la foi qui lui a été donnée. Ce qui n’était qu’un phénomène de guérison devient une lumineuse profession de foi.

Bien sûr sa rencontre avec Jésus sera déterminante. Jésus vient à lui, comme s’il le cherchait, lui désormais abandonné. Jésus, Lumière du monde, vient, par amour, pour ne pas laisser l’homme s’enténébrer dans le monde du merveilleux ou dans le cadre légaliste. Jésus vient vers lui pour le réconforter, le soutenir dans cette marche de la foi. Il est bien le Seigneur en qui désormais il croit, non uniquement à cause de sa guérison des yeux, mais grâce à sa Parole donnée :

Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : «Tu le vois, et c’est lui qui te parle.»

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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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