Kafkaïen … avec un K comme carême

Kafkaëien
Kafakïen (vendredi)

Kafakaïen : adjectif dérivé du nom de l’auteur Franz Kafka (1883-1924) et qualifiant une œuvre ou une situation plutôt absurde, oppressante ou et cauchemardesque.

En même temps en choisissant ce mot, je me dis que je n’ai lu de Kafka que La Métamorphose … pour l’épreuve de français au bac ! C’est dire si cela est loin. Mais faut-il avoir lu Dante pour qualifier une situation de dantesque ou de cornélienne sans avoir ouvert une page de Corneille, ou de passionnante sans savoir ce qu’est la Passion ?

 

Et c’est, en quelque sorte, dans une ambiance kafkaïenne que nous entrons avec le récit de ce jour. Au cœur d’une violence lapidaire où la mort est à un jet de pierres, s’ouvre un dialogue surprenant. A ces mains qui ont touché l’impur, guéri l’aveugle, consolé le pauvre, s’opposent ces bras levés et ces poings vengeurs. Comment cet homme peut-il se dire Fils de Dieu ? Comment Dieu pourrait-il se compromettre à l’humanité ? Et lui, Jésus, qui n’est qu’un homme parmi les hommes et se prétend Dieu alors qu’il n’y a qu’un seul Dieu ! Blasphème ! Situation absurde, où ceux-là mêmes pour qui Jésus était venu sauver, se tiennent devant lui pour le faire périr.

Alors que la mort rode, oppressante, la Parole de Dieu demeure : « Vous êtes des dieux » leur renvoie-t-il. Au lieu de se défendre, de se proclamer Fils de Dieu, Jésus laisse répondre la Parole de Dieu à sa place. « Vous êtes des dieux » Surprenante réponse à ceux qui l’accusaient de blasphème. Serions-nous nous aussi des dieux ? L’Ecriture le dit mais à quels propos ? Jésus cite là le psaume 82(81), à moins que ce ne soit le livre d’Isaïe (Is 41,23)… sans doute même les deux.

Dans le psaume cité le Seigneur condamne les puissants pour leur indifférence à l’égard des pauvres, des orphelins… Le psaume dénonce la vacuité de ces faux dieux : Vous êtes des dieux dit le Seigneur, mais vous mourrez comme des hommes. Ces hommes-dieux-là sont voués à la mort, à l’oubli du seul Dieu pour avoir oublié les faibles.

« Vous êtes des dieux » trouve-t-on aussi dans le livre d’Isaïe : Annoncez les choses à venir, et nous reconnaîtrons que vous êtes des dieux! Voyons! provoquez bien-être ou malheur, alors ensemble nous nous défierons du regard, et nous verrons! Mais voici ce que vous êtes: moins que rien; vos réalisations, moins que néant! Là encore, Dieu est en procès contre les hommes, contre ces hommes qui se sont écartés des voies du Seigneur.

A ce « Vous êtes des dieux » qui finalement fait de ses accusateurs les vrais blasphémateurs, Jésus oppose ses œuvres, sa vie entière de Fils vouée à incarner l’amour du Père envers les plus faibles. Situation cauchemardesque où les hommes ne voient plus l’œuvre de Dieu qui s’accomplit en son Fils. Leurs pierres à la main, ils se prennent pour des dieux ayant droit de vie et de mort. Mais ces pierres-là n’arrêtent pas l’œuvre du Christ et la foi de ceux qui le reconnaissent comme Fils.

A suivre…

Les lectures du jour.

K… comme Carême. Le principe : chaque jour (sauf le dimanche), dire le carême par un mot commençant  par K. Quarante jours donc quarante mots pour (re)découvrir le carême. Retrouvez tous les articles déjà parus de la série “K… comme Carême“.
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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio