Kilomètre … avec un K comme Carême

Jeudi après les Cendres

Kilomètre : nom masculin. Unité de mesure équivalant à mille mètres (symbole km). Refrain d’une comptine enfantine connue : un (puis deux, trois,….) kilomètre(s) à pied, ça use, ça use les souliers.

Et des kilomètres nous pouvons en faire durant une journée mais pour quoi ? pour qui ? Parfois, on ne sait pas : on marche à peu près ou, pire, nous courons d’une réunion à une autre, d’un rendez-vous à l’autre, d’une occupation à un service. Et ce n’est pas toujours désagréable. Il arrive même que nous en soyons très heureux fier : être un homme ou une femme bien occupé, c’est être utile, efficace, et considérer que l’on donne, ainsi, sens à vie… Cela n’est pas certain. Faut-il aligner des kilomètres à nos activités, voire notre activisme. La parole de Jésus va-t-elle en ce sens ?

Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive.
Lc 9,23.

A bien y réfléchir, il a raison.

Premièrement, il en va de notre liberté : « Celui qui veut ». Quoi de plus rassurant, de plus libérant d’ailleurs, de savoir que le Christ attend avant tout notre réponse libre. Nos kilomètres ne sont pas ceux d’une marche forcée, mais ceux d’un itinéraire suivi librement, comme on part pour un pèlerinage. Étrange pèlerinage, d’ailleurs, dont nous ne connaissons pas la distance à parcourir, ni la durée du voyage…


Par contre nous connaissons notre compagnon de voyage et non moins guide : le Christ. “Il n’y a plus qu’à” le suivre, en renonçant à lui donner des conseils sur l’itinéraire. Je ne sais si cela vous est déjà arrivé : dans un groupe, il y en a toujours un qui a lu et appris le relevé topographique par cœur et qui donc pense mieux connaître la région, les sentiers que le guide lui-même. Nous aurons beau connaître le catéchisme de l’Église Catholique (ou le You-Cat), le code de droit canonique, la Somme de saint Thomas d’Aquin ou les évangiles par cœur, si nous n’avançons pas en disciples du Christ et compagnons d’un Vivant, notre marche livresque ne sert à rien, voire nous reculerons.

Avaler des kilomètres en toute quiétude, ne peut s’accomplir si nous ne savons pas renoncer à nos velléités de surhomme.


Enfin, si nous pensons porter la croix de nos souffrances, de nos péchés… nous nous encombrons inutilement. Notre croix quotidienne c’est notre capacité à aimer et à être aimé, chaque jour, tout comme la croix du Christ est avant tout le signe de son amour livré jusqu’au pardon pour chacun de nous, chaque jour, sur ce chemin de grâce.

Bref : le Christ est notre kilo-maître.

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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

2 commentaires

  1. Publié initialement par Corine🙂
    …notre croix quotidienne, je ne sais pas si aimer et être aimé c’est lourd à  porter ….

    Je me suis fait cette même réflexion, mais je n’ai pas voulu développer (sinon j’aurais choisi kilotonnes plutôt que kilomètres.) Effectivement il n’est pas plus simple ni plus lourd de porter une croix qui nous appelle à aimer jusqu’à nos ennemis, jusqu’au pardon, qui nous invite à se reconnaître aimer de Dieu et cela malgré nos nombreux péchés, fautes, …
    Seulement, tout est grâce !

  2. 🙂
    Bon je ne sais pas si je vais commenter tous les jours parce que ça va se voir que je suis fan de tes jeux de mots 😉
    Sérieux:ton avant-dernière phrase, notre croix quotidienne, je ne sais pas si aimer et être aimé c’est lourd à porter mais de toute façon je garde!

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