Kit … avec un K comme carême

kitKit : nom masculin emprunté à l’anglais kit (boite à outils). Le kit désigne un ensemble prêt à monter : meuble en kit, généralement acheté dans un magasin suédois, avec des instructions pour le montage incompréhensible. Le kit désigne aussi un ensemble d’objets nécessaires à un usage spécifique et rassemblés dans une même panoplie : kit de survie, kit mains libres.

A la lecture de l’évangile du jour (Jn 5,17-30), comme devant d’autres chapitres de l’évangile selon Saint Jean, j’ai souvent cette impression de me trouver devant des instructions de montage d’un meuble en kit où il faut agencer les éléments ‘Père’ et ‘Fils’ avec la bonne vis et dans le bon ordre. Dans quel sens prendre ces paroles ? Par quelle pièce commencer ? Où est l’élément A ? C’est celle-ci la vis 2b ? Derrière ces tentatives, se trouve souvent la tentation de voir ‘Dieu’, de se l’imaginer et à terme de se l’accaparer. Je me souviens de mes premiers cours au séminaire sur la trinité : un ensemble de flèches, droites, circulaires, partant dans tous les sens. J’avais là encore devant moi des instructions de montage. Dieu en kit ! Impossible montage que vouloir mettre Dieu sur un tableau.

Le risque de schématiser, de vouloir rendre clair, d’exposer une logique imparable c’est de penser saisir Dieu : délimiter le rôle du Père, en attribuer d’autres au Fils… avec les limites de nos méconnaissances (à moins d’être un vieux théologien expérimenté et reconnu[1. Et encore !] ) Souvent nous schématisons Dieu, nous nous le représentons au risque de l’enfermer dans nos schémas de pensée, rendant alors difficile toute conversion. Ainsi, dire « que Dieu était son propre Père » n’entre pas dans le schéma de pensée des contemporains et coreligionnaires de Jésus. Car lorsque nous dessinons notre plan de montage, nous nous y tenons, rassurés : kit foi libre. J’entends parfois ce jugement au détour d’une conversation : « Moi, je pense que Dieu … [2. Et moi-même, je n’échappe pas à cette facilité.] »

Dieu vivant et non pas kit divin. Ce que le Christ vient nous révéler ne tient pas d’une compréhension savante de Dieu mais d’une invitation à le connaître, le reconnaître, préalable nécessaire. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres encore plus grandes, si bien que vous serez dans l’étonnement. Cet étonnement, c’est un appel quotidien à nous étonner du Christ, à nous laisser surprendre, ensemble, par ses gestes, ses paroles, sa prière et son lien si intime qui le lie à son Père. Il nous faut ainsi nous dessaisir, jeûner définitivement, de nos kits de Dieu figés, puérils ou sectaires, pour chaque jour nous convertir, à la lumière de la Croix, à cette Pâque qui approche et nous fait vivre…

Et Dieu dit ‘Ne me kit pas !…’

A suivre…

Les lectures du jour.

K… comme Carême. Le principe : chaque jour (sauf le dimanche), dire le carême par un mot commençant  par K. Quarante jours donc quarante mots pour (re)découvrir le carême. Retrouvez tous les articles déjà parus de la série “K… comme Carême“.
Partagez sur :
François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

Un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.