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Il s’agit du nom du cargo sur lequel Tintin va rencontrer, pour la première fois, le capitaine Haddock, dans l’album ‘Le crabe aux pinces d’or’. Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, je vous renvoie à ce lien. Dans cette histoire, le capitaine Haddock, bien qu’en charge du commandement du navire, est reclus dans sa cabine, ivre, consommant les bouteilles de Whisky que son second, Allan, lui fournit… pour avoir les mains libres sur le navire et sa cargaison d’opium. Bref, le capitaine trahi par son second, Allan : le Karaboudjan est le navire de la trahison.
Allan a tout du traitre : cupide, manipulateur… et en plus, violent. Il est prêt à tout pour parvenir à ses fins, pour servir ses propres intérêts, et ceux qui s’opposent à ses projets. Un vrai personnage de ‘méchant’ chez Hergé. Mais pour Judas, l’affaire est plus complexe. Nos indices sont encore plus ténus que le mot Karaboudjan inscrit au dos d’une étiquette de boite de crabe. Pas de quoi remplir les cales d’un navire. Nous ne savons rien de Judas, de ce qui l’a poussé à trahir Jésus. Matthieu souligne plus que les autres le fait qu’il ait trahi son Seigneur pour de l’argent[1. Mt 26,15, Luc et Marc sont moins catégoriques : Mc 14,10-11 ; Lc 22,3-6.] tandis que Jean[2. Jn 12,6 ;13,29 ; voir aussi Ac 1,18.] fait de lui, l’économe véreux du groupe des disciples. Mais, aurait-il trahi Jésus pour le simple fait d’un détournement de fond ou pour s’enrichir ? Aucun évangile ne nous donne les raisons exactes de sa trahison. Dès lors, on peut tout dire, tout écrire… mais rien ne nous permettrait d’avancer une affirmation sûre.
Judas[3. C’est sans doute la seule chose dont nous soyons sûrs.] appartenait au groupe des Douze. Comme les autres apôtres, il a vu, entendu, est parti sur les chemins de la mission, a mangé à la même table que Jésus durant des mois, des années. Il a partagé sa vie, ses rires, ses larmes dans cette histoire qui est aussi une histoire d’amitié… Comme les autres apôtres, il n’était pas parfait mais il a toujours été aimé. A ce moment, ils sont douze à table autour du Christ et aucun ne semble assuré d’être le fidèle d’entre les fidèles : « Serait-ce moi, Seigneur » demandent-ils, l’un après l’autre. Tous se savent fragiles face à l’épreuve, y compris le premier des apôtres, Pierre, qui bientôt le reniera.
A bord de cette barque apostolique, ce Karaboudjan d’hier et d’aujourd’hui, aux cales pleines d’Espérance, se trouvent des hommes et des femmes, tout aussi fragiles. La tentation serait de nous focaliser sur ces Haddock qui en ont oublié leur place sur ce navire, sur ces Allan préférant l’intérêt personnel ou encore sur ces pinces d’ores qui méprisent le service du frère et l’Evangile. Parfois nous ne valons guère mieux : « serait-ce moi ? ». Cette semaine sainte, nous invite à diriger nos regards vers le Christ. Par sa Croix réconciliatrice, il nous entraine dans sa fidélité intangible au Père pour l’amour de tous. Car, encore et toujours, c’est chez toi qu’il veut célébrer la Pâque avec ses disciples, à bord de ton Karaboudjan.
A suivre…
Les lectures du jour.