Kaput … avec un K comme carême

kaputKaput : (ou capout) de l’allemand Kaputt issu lui-même de l’ancien français capot (être capot : être battu aux cartes à plate couture). Adjectif signifiant cassé, fichu, foutu, mort. Le mot kaput serait lui-même à l’origine tiré du mot latin caput (tête).

Foutu, kaput ! Une troupe armée s’avance dans le noir cherchant Jésus le Nazaréen. Pourtant, la voilà à terre, kaput, cette horde nocturne face à la Parole de Celui qui se présente en un ‘C’est moi / Je Suis’ divin[1. Hélas la traduction liturgique a préféré traduire par ‘c’est moi’ la réponse de Jésus. Dans l’évangile de Jean (écrit en grec), Jésus répond ‘ego eimi’ ἐγώ εἰμι (Je suis), reprenant la réponse de Dieu faite à Moïse qui lui demandait son nom Ex 3,13-14]. La Parole du Christ fait tomber la haine. Questionné, giflé, enchaîné… Ils ont entravé l’homme, mais non le Verbe, il sait leur tenir tête (caput).

Brisé, kaput, le courage de Simon-Pierre qui ne veut avouer son lien avec Jésus. Le chant du coq vient sonner le glas de sa fidélité : le disciple est tombé… Mais à ce triple reniement, répondra cette triple déclaration d’un amour relevé par Jésus : ‘Pierre, m’aimes-tu ? – Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ![2. Jn 21,15-17].’ Et de cet apôtre brisé, le Christ en fera le capitaine de son Eglise, son chef (caput).

Perdues, kaput, les tentatives de Pilate pour libérer l’Homme-Dieu, Roi des Juifs, face aux responsables du Temple qui préfèrent choisir l’homme-bandit Barrabas[3. Jn 18,40], et le Dieu-César[4. Jn 19,12]. Les puissants de ce monde n’ont aucun pouvoir sur celui qui est Roi d’un Royaume qui n’a rien de mondain, et dont la Croix sera, pour le Salut du monde, la capitale.

Bafoué, torturé, kaput, Celui dont les soldats se moquent. Mais ce faisant, dans cette humiliation, ils l’intronisent Roi, couronné d’épines, vêtu de pourpre. Ces mêmes soldats qui joueront ses vêtements au sort, ne comprennent pas encore que le sort qui les attend sera d’être sauvé eux aussi. La Croix les mettra capot.

Crucifixion  Albrecht AltdorferCrucifié, kaput, Jésus, jusque sur cette croix, pourtant ne cesse de se donner : donnant sa vie, donnant une mère à son disciple, donnant encore sa Parole. Car il crie sa soif, soif d’un Dieu Vivant, soif de cet Amour accompli du Père, soif de ce vin de l’Alliance Nouvelle, vin capiteux.

Mort ! Kaput ! Dans le silence de la Croix, de ce corps inerte jaillissent l’eau vive et le sang versé pour la multitude, ultime don de Celui qui se laisse contempler et qui jamais, face à la haine comme dans la mort, ne capitule.

Ils voyaient en elle, le pire des instruments de torture et d’humiliation. Ils voulaient en finir avec le Nazaréen et vouer sa mission à l’échec. Pourtant, la Croix fut déjà une Victoire capitale.

Les lectures du jour.

K… comme Carême. Le principe : chaque jour (sauf le dimanche), dire le carême par un mot commençant  par K. Quarante jours donc quarante mots pour (re)découvrir le carême. Retrouvez tous les articles déjà parus de la série “K… comme Carême“.
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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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