Kinder-Surprise … avec un K comme carême

Kinder SurpriseKinder Surprise : Ai-je besoin de vous définir l’objet ? Non, je ne pense pas tant il est connu de tous. En tout cas je remercie Daniel (mon curé) de m’avoir soufflé ce mot pour ce dernier jour de carême alors que nous allons célébrer ce soir la Résurrection du Seigneur. Et question Pâques il s’y connait[1. Comme il n’a pas beaucoup d’amis vous pouvez l’adopter sur facebook ou sur @Darchambaud!

Pour mémoire : le Kinder Surprise se compose de plusieurs couches : l’emballage papier, qu’il faut enlever, puis la coque en chocolat, qu’il faut briser, puis une cartouche plastique, qu’il faut ouvrir, et enfin la surprise, qu’il faut parfois assembler. Et il en est de même du tombeau du Christ. Oui, ce sépulcre-là est tel un Kinder Surprise[2. J’ose la comparaison – que les théologiens et les pères de l’Eglise ne m’en tiennent rigueur.].

Comme un Kinder a l’apparence d’un œuf dans son emballage, ce samedi n’avait que l’apparence d’un shabbat. Certes, la mort de leur Seigneur ne leur a pas fait oublier Dieu Créateur qu’on honore au shabbat, ce Dieu qui délivra son peuple de l’Egypte. Les disciples blessés par la perte de leur maître demeureront respectueux de la Parole de Dieu : fidélité et humilité exemplaires. Mais cette célébration n’en avait que l’apparence. Le cœur n’était pas à se réjouir, à honorer, mais à pleurer et se lamenter : samedi silencieux et morne, couvert d’un voile de deuil. Le linceul qui recouvre leur maître est aussi, à ce moment, le leur. Et le soleil levant vint enfin les libérer de ce repos forcé.

Mais en ce petit matin, Jérusalem dort, et Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé sont bien seules dans les rues. Qui leur roulera la pierre ? Cette pierre trop lourde que leur fragilité et leur tristesse ne peuvent déplacer. Qui brisera ce rempart, cette coque infranchissable, qui les empêche d’honorer une dernière fois, par les baumes et les soins, ce corps humilié ? La force les a abandonnées tout comme les espoirs qu’elles avaient mis en lui. Qui brisera leur désespérance ? Qui, sinon Dieu seul ? Ce Dieu qui ouvre pour ces femmes le passage, comme autrefois pour Moïse et son peuple. La pierre a été roulée : la nouvelle Pâque peut commencer.

Les saintes femmes au tombeau du Christ (Annibale Carracci 1597)Il faut encore franchir le mystère de cette pierre roulée, entrer dans l’antre du sépulcre, comme on ouvre délicatement une cartouche d’un Kinder. Que trouveront-elles ? Leur surprise est à la mesure de l’impensable. Au lieu du corps nu du crucifié, se trouve un jeune homme vêtu de blanc[3. Oui, Zabou : ‘Ton’ jeune homme qui s’était enfui nu par crainte du Crucifié, le voilà rhabillé du blanc baptismal par ce Dieu de Vie et d’Amour, le voilà témoin du Ressuscité. Il s’est enfin approcher de Lui. Ce jeune homme c’est encore nous.]. Au lieu de la mort, c’est la jeunesse qui les attend, jeunesse d’une nouveauté à explorer, comme une nouvelle naissance[4. Kinder en allemand, cela ne signifie-t-il pas ‘enfants’ ?]. Au lieu du voile de deuil, c’est la blancheur du vêtement qui les illumine d’une espérance inouïe. Au lieu du silence sépulcral, c’est la Parole qui jaillit : « N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. » Les femmes étaient venues pour oindre un mort, mais les voilà, dans ce tombeau vide, recevant l’onction de la Parole faisant d’elles les témoins privilégiés de la Résurrection.

On peut s’étonner qu’au lieu de se réjouir, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé demeurent dans la crainte, toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes, et ne dirent rien à personne[5. Marc est le seul évangéliste à souligner cet aspect.]. Cette crainte née de cet évènement incompréhensible doit laisser place au silence : silence de la méditation de la vie du Christ relue à la lumière de sa résurrection, comme une surprise Kinder que l’on doit assembler après l’avoir découvert. Ce silence, provisoire, c’est l’enfantement de l’Evangile pour qui ces femmes vont écrire la première page, pour qui les disciples vont écrire les suivantes. Ces pages que nous continuons à écrire lorsque, en cette nuit, nous franchirons, à notre tour, le seuil du tombeau pour, une fois encore, renaître au Ressuscité.

Les lectures du jour.

K… comme Carême. Le principe : chaque jour (sauf le dimanche), dire le carême par un mot commençant  par K. Quarante jours donc quarante mots pour (re)découvrir le carême. Retrouvez tous les articles déjà parus de la série “K… comme Carême“.
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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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