6ème dim. de Pâques (A)
Pentecôte (C) Jn 14,15-16.23b-26
À l’annonce de du proche départ de leur maître les disciples expriment leurs craintes et leurs incompréhensions (14,1-14). Mais ce départ n’est pas un abandon et invite les disciples à vivre de l’amour même du Christ, par le don de l’Esprit.
Un autre Défenseur (14,15-18)
14, 15 Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. 16 Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : 17 l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. 18 Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
Si vous m’aimez
A l’appel à croire de la section précédente : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi (14,1), répond maintenant l’appel à aimer : Si vous m’aimez. La foi au Christ ne peut s’entendre que dans cet engagement qu’est l’amour des siens. Les commandements auxquels le texte fait référence nous renvoient aux dons précédents comme le lavement des pieds (13,15) et le commandement de l’amour mutuel (13,34). Ce dernier ne se réduit pas à un seul sentiment bienveillant. Il est, à l’image du Christ, un amour fait d’humilité et de don de soi. Cet amour, qu’est le Christ, exprime la pleine communion entre les disciples et avec Lui. Sa prière au Père s’inscrit elle-aussi dans cet amour livré. Il offre tout pour ses disciples, jusqu’à sa vie. L’envoi de l’Esprit reflète ainsi tout l’amour du Christ et du Père pour les disciples.
L’Esprit de Vérité et l’avènement de Dieu
L’Esprit est d’abord qualifié d’autre défenseur, ou d’autre paraclet selon les traductions. Le terme paraclet signifie celui qui se tient aux côtés, tel un défenseur ou un avocat. L’amour du Christ ne peut être synonyme d’abandon des disciples. L’envoi de l’Esprit, à leurs côtés et en eux, garantie la présence divine au sein de la communauté. Le don de l’Esprit est, dans la tradition juive et biblique, associé à l’avènement des temps eschatologiques. Il représente l’Esprit créateur de Dieu s’établissant au sein de son peuple et dans les cœurs de chacun. Il est ainsi l’Esprit véritable de Dieu, l’Esprit de Vérité. L’évangéliste reprend en quelques mots, et d’une autre manière, cette attente eschatologique et pneumatologique qu’espéraient les prophètes Ézéchiel et Joël. Jean souligne, lui aussi, combien le don de l’Esprit introduit les croyants dans une véritable relation avec le Seigneur. La connaissance dont il est question ne consiste pas en un savoir ou des enseignements à recevoir comme la Torah, mais représente un lien vivant, le Seigneur venant faire sa demeure au sein des croyants.
Ez 36, 24 Je vous prendrai du milieu des nations, je vous rassemblerai de tous les pays, je vous conduirai dans votre terre. 25 Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai. 26 Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. 27 Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles.
Jl 3, 1 Alors, après cela, je répandrai mon esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions. 2 Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là.
Ce temps eschatologique, lié à l’Esprit, est ainsi, selon le prophète Jérémie, le temps d’une Alliance nouvelle :
Jr 31, 33 Mais voici quelle sera l’Alliance que je conclurai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés – oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. 34 Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur.
Un autre paraclet
Si l’évangéliste reprend la foi de ses pères venus du Judaïsme, il sait aussi réinterpréter cette attente à la lumière de la révélation du Christ. Ce temps nouveau, ce don promis aux disciples, est aussi marqué par l’opposition avec le monde, qui est chez Jean, représente le monde hostile à la Révélation. C’est pourquoi, il définit ce don de l’Esprit avec le terme de défenseur. Au temps du rédacteur les oppositions, les persécutions, notamment venant de certaines synagogues, sont de plus en plus vives. Ces oppositions violentes, qui pouvaient être considérées comme l’abandon de Dieu, ne sont pas, pour l’évangéliste, contradictoires avec l’avènement victorieux de Dieu. Il rappelle que l’Esprit de Vérité, l’autre défenseur, reçu avec la glorification du Fils (20,22) demeure dans la continuité du premier défenseur : le Christ qui, victorieux du mal, révèle son amour jusque sur la croix. Ce premier défenseur ne quitte pas la scène ecclésiale, il y demeure présent : je ne vous laisserai pas orphelin. Présence assurée par le don de l’Esprit : je viens vers vous.
Celui qui m’aime (14,19-21)
14, 19 D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. 20 En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. 21 Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Vous me verrez vivant
Le don de l’Esprit est associé à la glorification, la résurrection, de Jésus. Il est ici difficile de dissocier le Christ et l’Esprit. Au contraire, le don de l’Esprit ouvre les croyants à la pleine révélation et au salut : vous me verrez vivant et vous vivrez aussi. Jésus est certes celui qui se fera voir à ses disciples les jours et les semaines suivants sa résurrection. Mais ces versets font-ils seulement référence à cet événement ? En effet, à travers ce discours testamentaire, l’évangéliste entend aussi adresser les paroles de Jésus à sa communauté de lecteurs. Voir Jésus vivant et vivre est destiné à la communauté postpascale. Il nous faut prendre en compte l’ensemble du passage. Voir Jésus et vivre fait référence à la foi des disciples et de la communauté, une foi vivifiée par l’Esprit. Croire en (14,1) et aimer (14,15) Jésus c’est bien le croire vivant et agissant en faveur de sa communauté. Il est celui qui continue de la faire vivre. Le don de l’Esprit permet ce lien qui ouvre à la foi et à l’amour du Christ. En lui, en s’attachant à ce commandement d’amour mutuel, les disciples sont assurés de vivre, y compris dans les épreuves. Or, la vie dont il est question est cette communion au Père, cette vie éternelle, comme le montre la suite de ce discours.
Bonjour,
Hélas, à ce jour, il n’est pas possible de vous envoyer les textes des articles. Vous devez procéder par vous-même, pour chaque article. Désolé.
Bonne journée.
Est-ce possible de recevoir sur mon ordinateur ces commentaires bibliques des llecture de ANNÉE A ?
Merc.