À l’aube de la Passion

Nous voici à l’aube du Triduum Pascal, cette période de trois jours qui célèbre la Pâque de Jésus avec son dernier repas, sa passion et sa résurrection. L’événement de Pâques est central, et essentiel, à la foi chrétienne.

Les chrétiens ne commémorent pas seulement le jour historique de la résurrection de Jésus, mais proclament surtout la permanence de celle-ci. Jésus est, toujours et encore, ressuscité, glorifié par Dieu, le Père, et agissant au cœur de la vie des baptisés chrétiens. Ce que les prochaines fêtes de l’Ascension et de Pentecôte rappelleront encore. Pâques célèbre cette foi chrétienne au Christ ressuscité.

Doutes et incompréhensions

S’ils diffèrent dans la manière de rapporter ces moments, les récits des évangiles de Pâques rapportent tous l’incompréhension et les doutes des premiers disciples de Jésus face à un tombeau vide, comme en présence du Ressuscité lui-même. La foi en la Résurrection ne va pas de soi, même pour eux. Ce qui fait difficulté demeure « l’échec » avéré de Jésus, crucifié. Celui qui déplaçait les foules, celui qui guérissait de nombreux malades et possédés, … ce Jésus de Nazareth n’a pas eu l’aide divine et céleste qu’un messie attendu pouvait escompter. Comme si Dieu l’avait abandonné ou comme s’il n’avait jamais été avec lui. Ce questionnement sera évoqué avec le récit des disciples d’Emmaüs (Lc 24).

Pourtant, cet échec apparent de la croix donne sens à la Résurrection. Même pour les premiers disciples, selon les évangiles, la foi en la Résurrection nécessite l’anamnèse de la passion de leur Seigneur.

La croix fait sens

Le Triduum Pascal vient rappeler combien la Résurrection doit se comprendre à l’aune de la Passion. De même, inversement, la Résurrection permet de saisir la Passion autrement qu’un échec et une fin. La dernière Cène du jeudi saint éclaire, à juste titre, la vie de ce Christ-Serviteur, prêt à livrer sa vie. Les récits de la passion font état de cette liberté du Messie qui ne se laisse pas aller à la haine, à la colère et encore moins à la revanche toute-puissante. La passion du Christ ne trouve pas son sens dans une souffrance extrême, mais dans une offrande, unique et entière, librement consenti. Ainsi, au vendredi saint, la croix sera, chez l’évangéliste Jean notamment, le lieu même où se révèle le véritable amour de Dieu; un amour qui saura vaincre la mort. Plus encore, sa mort révèle le sens de sa vie, de sa mission, de sa résurrection comme elle rappelle également, aux croyants chrétiens, le sens de leur vie baptismale.

En vue d’une libération, d’une Pâque

Dès lors, la résurrection de Jésus ne se résume pas en un acte surnaturel issu du pouvoir divin. Cela est rassurant : la Résurrection ne s’impose pas aux hommes, pas même aux croyants. Elle ne consiste pas en un miracle probant en vue d’une domination, révélant un Dieu se refusant à tout abus de pouvoir. Les doutes et l’incompréhension des premiers disciples sont là pour nous le rappeler. La Résurrection relève d’un acte d’amour en vue d’une libération, d’une Pâque, comme le rapportent les récits de la Cène et de la Passion.

Ainsi, le Triduum Pascal ne consiste pas seulement en une suite chronologique de faits anciens commémorés. Il représente un véritable ensemble cohérent, porteur de sens, qui célèbre cette fête de Pâques dans une unique profession de foi en la Résurrection du Christ Crucifié, révélant l’inattendu d’un Salut, comme on pourra l’entendre dans les textes.

Bon Triduum à toutes et à tous.

Les commentaires bibliques :

En podcast : Les protagonistes de la Passion (7 épisodes de 11 mn)

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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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