Trois paraboles pour des retrouvailles (Lc 15,1-32)

Parallèle pour Lc 15,1-7 : Mt 18,12-14

24ème dim. ord. (C)
4ème dim. de Carême (C) Lc 15,1-3.11-32
Sacré-Cœur (C) Lc 15,3-7

On peut s’étonner de la rudesse de la transition avec le chapitre précédent (Lc 14). Les paroles sur la condition du disciple faite de discernement, d’humilité et de renoncement laissent place à trois paraboles sur la miséricorde divine.

Trois paraboles successives

Trois paraboles se succèdent. Les deux premières présentent un homme (15,1-7), puis une femme (15,8-10) à la recherche d’un bien perdu. La troisième (15,11-32) montre deux frères qui semblent perdus dans leur relation au père. Celle-ci répond à la conclusion surprenante des deux précédentes concernant la joie dans ciel et devant les anges pour un seul pécheur qui se convertit (15,7.10). La parabole des deux fils, entre autres, souligne cette joie débordante du père d’avoir retrouvé son fils cadet. Le contexte pourra nous aider à comprendre le rôle de ces versets à cet endroit de l’évangile.

On doit d’abord s’étonner de la rudesse de la transition avec le chapitre précédent (Lc 14). Les paroles sur la condition du disciple faite d’humilité et de renoncement laissent place maintenant à des paraboles sur la miséricorde divine. Quel serait le lien ?

Giuseppe Maria Crespi, les noces de ana, 1686

La critique des pharisiens (15,1-2)

15, 1 Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. 2 Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »

La table des pécheurs

La première partie du chapitre précédent (14,1-24) se déroulait dans la maison d’un chef des pharisiens. Or, ici, nous retrouvons Jésus face à des scribes et d’autres pharisiens. Ces derniers critiquent l’attitude de Jésus. Car après avoir mangé et été honoré chez un chef des pharisiens, Jésus honore la table des pécheurs. Leur faire bon accueil constitue, dans la pensée juive et pharisienne, un acte qui donnerait raison à leur condition pécheresse.

Plus encore, dans ce monde religieux du Ier siècle, la table est un lieu de communion. Aucun pharisien – accordé à la Loi de Moïse – ne peut donc partager la table de celui qui s’est écarté de la Loi. Et il ne se s’agit pas seulement de contracter leur impureté, mais de donner caution au péché. Loin de tout mépris, le pharisien attendra que le pécheur se soit repenti, ait effectué les rites d’absolution (prévus par la Loi), pour se réjouir de partager un repas avec son frère absous et purifié. Dès lors, Jésus se compromettrait-il avec des pécheurs et leurs péchés ? Pourquoi leur donne-t-il une telle place ?

Du renoncement à la ténacité

À l’image de son Seigneur, le disciple doit renoncer à beaucoup (14,25-35), mais il est une chose pour lequel le Seigneur ne renonce pas : le salut des pécheurs. À travers les images du berger, de la femme et du père, ces figures illustrent l’extraordinaire ténacité miséricordieuse de Dieu, et de ses disciples, face à ce que l’on croit perdu. Le contexte oblige à élargir le regard du lecteur au-delà du cercle des pécheurs désignés par les publicains. Les versets précédents permettent aussi d’entendre ces métaphores dans un cadre ecclésial, concernant tout autant les personnes qui se sont écartées de Dieu et de la Loi de Moïse, que celles et ceux, chrétiens, qui ont renoncé devant les épreuves ou dont la foi s’est affadie (14,25-35). Aucun de ceux-là ne sont perdus aux yeux de Dieu. Telle est la mission de son fils : mettre tout en œuvre pour faire revenir tout pécheur à Dieu, au risque de s’humilier aux yeux des justes.

Galiée, désert, jeune berger

La brebis retrouvée (15,3-7)

Parallèle : Mt 18,12-14

15, 3 Alors Jésus leur dit cette parabole : 4 « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? 5 Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, 6 et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” 7 Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.

L’audace du berger

La diversité des cadres narratifs dit également la volonté divine de rejoindre tous les mondes : du juif au païen, du fidèle au renégat. La première parabole dessine une scène rurale qui fait entendre le courage fou d’un berger capable d’abandonner 99 brebis pour aller à la recherche d’une seule. La tradition biblique permet d’y reconnaître le portrait de Dieu, le berger d’Israël, ou de son Messie.

Souvent, dans l’antiquité, le berger n’est pas le propriétaire du troupeau : ce salarié doit assurer, pour ce dernier, la garde et le soin des bêtes, et rendre compte des pertes. Aussi le risque de cet homme de la parabole est d’autant plus audacieux : laisser le troupeau seul, pour rechercher une seule brebis. À son égard, le berger fait preuve de prévenance : il la porte sur ses épaules.

La parabole prend alors une tournure encore plus surprenante. Ce retour est l’occasion d’une joie et d’une fête à laquelle sont invités ses amis et voisins. Tout cela pour une seule brebis égarée.

La conclusion de Jésus permet ainsi de lire la parabole telle une allégorie entre la brebis et le pécheur, entre le berger, ses amis et la joie céleste qui s’exprime. La conversion du pécheur est ainsi associée, non pas à une réhabilitation éthique, mais à une rencontre dont l’initiative vient de Dieu. Le pécheur est celui qui s’est perdu à l’image d’une brebis égarée qui n’a que peu de chance de survivre seule. La recherche de la brebis, du pécheur, devient un acte salvifique qui s’exprime, ici, par l’attention et la prévenance du berger à son égard. Ainsi en est-il de la prévenance de Jésus lors de ses repas avec les pécheurs et les publicains (15,2). La venue du Messie ne vient donc pas justifier les justes, mais appeler les pécheurs (5,32), à la plus grande joie de Dieu.

Denier de Tibère (14-37)

La drachme retrouvée (15,8-10)

15, 8 Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? 9 Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !” 10 Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

Sens dessus dessous

La seconde parabole nous fait entrer dans un monde plus urbain et grec comme le laisse entendre le terme de drachme (traduit par une pièce d’argent). Le thème de la maison et cet environnement hellénistique dessinent un cadre ecclésial. Cette-fois-ci c’est une femme qui met sens dessus-dessous sa maison pour retrouver une pièce représentant une journée de travail. Là encore, Luc use du même vocabulaire insistant sur la détermination et la prévenance : avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve.

Comme pour la parabole précédente, la fête est de rigueur pour, à nos yeux, si peu de choses. Qui rassemblerait ses amis, ses voisins pour se réjouir d’avoir retrouvé une seule pièce ? Mais ce qui a moindre valeur aux yeux du monde est important aux yeux de Dieu (12,22-31).

La conversion du pécheur devient une nécessité qui réjouit le ciel et les anges de Dieu : c’est-à-dire qui répond au dessein divin. Il ne s’agit pas d’une alternative. Dans cet avènement du Règne, les disciples sont ainsi invités à être à l’image de cette femme et de cet homme : Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une… À l’issue de ces deux paraboles, la joie et l’allégresse débordent dans le Ciel. Le retour d’un pécheur est sans prix, car il demeure un fils pour le Seigneur, comme nous le fait découvrir la troisième parabole.

Le départ et le retour du fils cadet (15,11-20a)

15, 11 Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils. 12 Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. 13 Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. 14 Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. 15 Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. 16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.17 Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! 18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. 19 Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” 20a Il se leva et s’en alla vers son père.

Donne-moi la part de fortune

Cette dernière parabole est beaucoup plus développée que les deux précédentes. Les deux fils peuvent représenter les figures des pharisiens pour l’aîné qui travaille aux champs, fidèle au père, et des pécheurs pour le cadet qui rompt avec le milieu familial. Mais l’interprétation allégorique ne peut se réduire à cette division du monde entre pharisiens et pécheurs, comme je l’ai indiqué plus haut.

L’introduction de cette parabole est assez abrupte et ne laisse aucune place au sentiment : un fils cadet demande sa part d’héritage et s’en va. Nous n’en serons pas plus ni des motivations, ni du climat familial.

Dans ce contexte, et pouvant nous surprendre, la question de l’héritage est demandée par le cadet, et non l’ainé, futur chef du clan. Pourtant, le père consent au partage, laissant, comme de coutume, une double part à l’ainé qui devra prendre soin du clan familial (une mère veuve, les orphelins de ses frères…)

Le demande du cadet montre une situation de rupture grave : il prend sa part, et s’en va pour un pays lointain : loin des siens. La rupture est aussi soulignée en ce qui concerne sa part d’héritage. Ce qui a avait été accumulé par des générations est dilapidé. L’accent est mis sur la richesse vite acquise et vite dépensée. À l’équilibre initial succède la vie de désordre. Tout vient blâmer l’attitude du cadet.

Esteban Murillo, la solitude du fils prodigue, 1665

Il avait tout dépensé

La richesse du fils est éphémère et se mue en extrême pauvreté : il devient un vulgaire serviteur devant nourrir les cochons d’un monde païen. Sa situation est aggravée par la mention de la famine qui l’oblige à vivre au même rang que les animaux dont il partage la nourriture. Selon son dire, il se trouve même aux portes de la mort : je meurs de faim. D’où son désir de revenir à la maison familiale.

Mais peut-on parler de repentir à propos de ce fils cadet ? Il rompt brutalement avec le père, s’éloigne de lui … et s’il revient ce n’est pas par amour du père mais à cause de la faim et de la détresse. On l’entend bien d’ailleurs, s’il regrette son action passée, s’il sait combien il a péché, il ne revient pas pour un pardon. Ce n’est pas son horizon. Il revient juste pour devenir un ouvrier. Il ne se sent plus digne du titre de fils, et désire seulement être accueilli comme un ouvrier cherchant travail, rien de plus. Pour lui, tout retour à la situation initiale est impossible. Il reconnaît sa grande responsabilité : j’ai péché contre le ciel et envers toi, mais n’évoque pas de pardon : il souhaite simplement survivre. S’il évoque son père, ce péché l’empêche de se reconnaître comme fils : Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers. C’est tout ce qu’il mérite.

Hans Peter Feddersen, Le retour du fils prodigue, 1907

La joie du père (15,20b-24)

15, 20b Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. 21 Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”22 Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, 23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, 24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.

Au loin, la compassion

Comme le fils est parti vers un pays lointain (makrân, μακράν), le père aperçoit celui-ci de loin (makrân, μακράν) : comme si le regard du père n’avait jamais quitté le fils. La compassion du père est première et s’exprime véritablement par toute son attitude : il n’attend pas, court à sa rencontre, se jette à son cou, l’embrasse. La compassion du père n’est pas un sentiment enfoui, ou une pitié de surface : elle s’exprime de tout son corps. Il s’agit d’un véritable engagement de sa personne manifestant cette compassion. Comme le berger part chercher sa brebis et la ramène sur ses épaules, comme la femme cherchant sa drachme avec soin, le père va à la rencontre de son fils et lui exprime son amour. C’est là, en cet instant, son seul langage. Et tout est dit.

Le fils lui-même n’aura pas le temps de d’exposer toute sa plaidoirie. Seule la première partie, qui reconnait ses torts, est exprimée : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. La suite, Traite-moi comme l’un de tes ouvriers, est interrompu par la parole du père : Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller…

Comme un prince

C’est là où le texte bascule. Le mauvais fils est accueilli comme un prince : beaux atours, bague, sandales neuves et festin royal. Cela signifie-t-il que le père considère comme rien la condition pécheresse de son cadet ou comme si rien ne s’était passé ? L’attitude du père a, en effet de quoi, surprendre : il ne fait aucun reproche, ne demande aucune explication. Peu importe. Car, celui qui est revenu vers lui n’est pas un renégat avec qui il faut régler ses comptes. Seul importe à ses yeux la présence de son fils. Son retour vers la maison en a déjà beaucoup dit. Pour lui, c’est ce fils qu’il est urgent d’accueillir joyeusement et Vite ! Le père mangera et festoiera avec toute sa maisonnée, donnant la place d’honneur à un pécheur, la première place (14,15-24). Telle est l’œuvre de la compassion du père.

Comme dans toute parabole les termes sont exagérés mais à dessein : l’éloignement du fils, son départ, était une mort, son retour à la maison devient un retour à la vie. Peut-être même qu’en raison du départ d’un de ses membres, ce fils, la maison manquait de vie. Jésus insiste sur l’enjeu vital de la conversion pour le pécheur, comme pour la maison. Cette conversion n’est pas un simple retour dans la droiture et dans les règles, mais un retour à ce Quelqu’un nommé Père (11,1-13). Le salut revient ainsi à être reconnu fils et accueillir ce (par)don pour (re)vivre frère, mais là c’est un peu plus difficile.

Nicolas Losev, le retour du fils prodigue, 1882

L’incompréhension de l’aîné (15,25-32)

15, 25 Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. 26 Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. 27 Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” 28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. 29 Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. 30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” 31 Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. 32 Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

Père ingrat ?

Ce repas des retrouvailles conduit le fils aîné à la colère. Et on le comprend bien. Pourquoi festoyer avec autant de fastes afin d’honorer un fils qui a méprisé l’héritage de son père et sa propre famille ? Le fils aîné se situe dans une logique de récompense et de droiture : à moi jamais tu ne m’as donné… Il en rajoute même sur l’indignité celui qu’il ne nomme pas frère : ton fils que voilà a dévoré ton bien avec des prostituées. Insinuation gratuite ou élément probant, le frère ne voit en son cadet qu’un mécréant qui ne mérite pas un tel honneur royal. Pour le fils aîné, le retour, la conversion du pécheur se situe sur un plan moral et méritoire. Il exprime une situation qui lui paraît injuste : il devrait recevoir une meilleure reconnaissance que ce frère indigne. Il est celui qui travaille au champ … travail qui finalement l’a amené, lui aussi, loin du père, loin de l’accueil du frère. L’image pourrait désigner celles et ceux que l’obéissance scrupuleuse à la Loi, sans avoir jamais transgressé tes ordres, a pourtant éloigné de la miséricorde, tels le prêtre et le lévite s’éloignant du blessé dans la parabole du samaritain (10,30-37). Dès lors à quoi bon travailler, œuvrer aux champs, si c’est pour voir un fils dépravé être ainsi honoré ? Là encore, il faut souligner l’initiative du père qui, comme pour son cadet, sort à la rencontre de l’ainé pour l’inviter à se situer sur cet autre plan qu’est celui de la fraternité : ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie.

Tu ne m’as jamais donné

L’un et l’autre, furent ou sont, à l’écart. Car, l’un comme l’autre, le cadet comme l’ainé, voient en ce père un pourvoyeur de bien. Le cadet demandait juste de quoi manger après sa faillite, l’autre demande à être mieux récompensé. Les relations au père se situent sur le plan de la rétribution et non de la grâce. L’ainé travaille, est au service du père pour obtenir une juste rétribution. Or comme le rappelle le père de la parabole : Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Le seul mérite est d’abord d’être cet enfant auprès du père, toujours, mettant en avant l’importance de la relation. Tout est donné, déjà dans cette relation : tout ce qui est à moi est à toi. Le père appelle ses enfants à ne pas se considérer comme des ouvriers ou des serviteurs, mais comme des fils et des frères. Or, c’est bien ce qu’offre ce père à l’un, comme à l’autre, invitant l’un et l’autre à cette même réconciliation nécessaire et vitale : Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !

Ce Père miséricordieux et divin ne renonce jamais à se réconcilier ses fils perdus pour devenir frères. Luc présente ainsi la conversion du pécheur, non comme remontrance sévère, mais comme le dessein de Dieu de voir à nouveau ses enfants réunis.

François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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