La musique dans la Bible (2) Les banquets

J’avais déjà évoqué le patriarche Yubal à qui la tradition biblique donne le rôle légendaire d’être le père de de tous ceux qui jouent de la cithare et de la flûte (Gn 4,21). Mais on ne peut parler ici d’un récit où nous pourrions entendre ces instruments. Il nous faut aller un peu plus loin pour que musique et chant soient évoqués. C’est à l’occasion du cycle du patriarche Jacob qu’il est fait mention de tambourins et de cithares pour accompagner un éventuel festin. Le thème de notre épisode est donc tout trouvé : la musique des banquets bibliques, en podcast exclusivement.

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muisque

La musique et les danses dans la Bible servent à honorer. Jacob (Gn 31) malgré son labeur, son abnégation pour son beau-père doit fuir sans organiser une telle fête. Tandis que le fils cadet et honteux de la parabole (Lc 15) se voit honoré de manière démesurée. Les chants n’acclament pas ses hauts-faits mais son humilité, sa capacité à reconnaître ses torts. La musique et les danses chantent la réconciliation inconditionnelle qui est offerte.

Musiques et danses ont ici un caractère subversif. À l’initiative du père, ils contreviennent à l’ordre séculier, l’ordre du monde, celui d’honorer les plus méritants, les plus en vue. Ici c’est le faible, le fils contrit et pécheur qui est mis à l’honneur. La logique humaine est ainsi bouleversée tout comme le fils aîné plein d’assurance qui doit revoir ses conceptions et accueillir d’abord SON frère malgré son échec et sa perdition. Dans ce registre, les prophètes du premier testament ont la même attitude subversive mais cette fois en dénonçant les banquets festifs des nantis indifférents.

Les récits

Laban et la fuite de Jacob (Gn 31)

Gn 31,25 Laban rattrapa Jacob qui avait planté sa tente dans la montagne ; Laban et ses frères plantèrent la leur dans la montagne de Galaad.26 Laban dit à Jacob : « Qu’as-tu fait ? Tu t’es dérobé à ma vigilance, tu as emmené mes filles comme des captives de guerre ! 27 Pourquoi t’es-tu caché pour fuir ? Tu m’as volé ! Tu ne m’as pas prévenu ! Je t’aurais laissé partir dans la joie et les chants, au son du tambourin et de la cithare.28 Mais tu ne m’as pas laissé embrasser mes fils et mes filles ! Tu te comportes vraiment comme un fou !

La parabole du fils prodigue et du père miséricordieux (Lc 15)

Lc 15 11 Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils. 12 Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. 13 Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. 14 Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. 15 Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. 16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. 17 Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! 18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. 19 Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” 20 Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. 21 Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”

22 Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, 23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, 24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.

25 Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. 26 Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. 27 Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” 28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. 29 Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. 30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” 31 Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. 32 Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

RÉFÉRENCES

François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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