Manifestation et ascension (Lc 24,36-53)

Parallèles : (Mt 28,16-17) ; (Mc 16,19); (Jn 20,19-29) ; Ac 1,9-11

3ème dim. de Pâques (B) Lc 24,35-48
Ascension (C) Lc 24,46-53

Jésus s’est manifesté à Pierre ainsi qu’à deux disciples à Emmaüs, s’étant fait reconnaître par eux à la fraction du pain (24,35). Tous sont maintenant réunis, avec les autres disciples, à Jérusalem.

Den Vantro, manifestation de Jesus à St Thomas, 1870

Ce dernier épisode se situe dans la continuité de cette journée et comporte trois moments : la manifestation de Jésus aux siens (24,36-43), sa réponse à leurs doutes (24,34-48) et son élévation dans le ciel (24,49-53).

La paix soit avec vous (24,36-40)

24, 36 Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » 37 Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. 38 Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? 39 Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » 40 Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.

Au milieu d’eux

Contrairement au récit des disciples d’Emmaüs (24,12-35), Jésus ne s’approche pas mais se tient au milieu d’eux. Dans l’ensemble des Évangiles, les récits de la résurrection usent rarement du vocabulaire de la vue. Les évangélistes privilégient un vocabulaire spatial : Jésus rencontre (Mt 28,9), s’avance (Mt 28,15), s’approche (Mt 24,15), vient (Jn 20,24.26) ou se tient là (Lc 24,36 ; Jn 20,14.19.26 ; 21,4). Le ressuscité est celui qui rejoint les siens, ou qui se tient déjà présent en apportant la paix par sa salutation. Cette paix est offerte par le Ressuscité est cette même paix de Dieu que Jérusalem n’avait su déceler en lui : 19,42 Ah ! si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! Mais non, il est demeuré caché à tes yeux.

Chez Luc, la présence du Ressuscité est liée à la Parole : Comme ils parlaient. Or cette parole concerne l’échange entre les disciples d’Emmaüs et les autres disciples sur les manifestations du Christ. Autrement dit, Jésus se tient au milieu d’eux échangeant une parole de foi, ou de foi en devenir. Cette position au milieu d’eux, fait écho à la parole de Jésus lors de la Cène :  22,27 Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. La présence du Ressuscité ne vient pas écraser les disciples d’une autorité incontestée et toute-puissante. Au contraire, elle est ici mentionnée avec beaucoup de simplicité et de sobriété : pas de lumière éclatante, pas de bruit, pas de voix céleste.

Des disciples troublés

Le récit de Luc vient unifier les expériences disparates de Pierre et des disciples à Emmaüs. La manifestation du Ressuscité n’est plus ici l’expérience de quelques-uns, mais un don fait à l’ensemble des disciples rassemblés : une assemblée ecclésiale.

Paradoxalement, malgré la salutation de paix, malgré l’expérience précédente des disciples d’Emmaüs (24,13-32) et de Pierre (24,33-35), les disciples sont saisis de frayeur et de crainte. Ils sont bouleversés. Les termes utilisés par Luc : saisis de frayeur (ptoèthéntes, πτοηθέντες), remplis de crainte (emphoboï, ἔμφοβοι), bouleversés (étarchthè, ἐταράχθη) ne sont utilisés, chacun, qu’une fois ailleurs dans l’évangile : lors de l’annonce à Zacharie (1,12), sur l’avènement du Fils de l’homme (21,29 ) et au moment de la découverte des deux hommes au tombeau vide (24,5). Ces trois moments expriment une intervention divine. Il y a donc, dans ces versets, deux sentiments mêlés : d’une part, le trouble et la crainte dirigent le lecteur vers la dimension divine et eschatologique liée à la présence du Ressuscité. D’autre part, les objections : ces pensées qui surgissent dans votre cœur, et l’hypothèse d’un esprit fantomatique, orientent l’interprétation du verset vers le doute, voire le soupçon.

L’attitude des disciples, entre foi et soupçons, demande donc un éclaircissement quant à l’identité réelle et la condition de celui qui se présente à eux : est-ce le Fils de l’homme glorifié ? ou le fantôme de Jésus ? ou pour le dire autrement : vient-il du Royaume de Dieu ou du royaume des morts ?

Duccio di Buoninsegna, Maesta (détail), 1308

Ses mains et ses pieds (24,39-43)

24, 39 Regardez mes mains et mes pieds: c’est bien moi. Touchez-moi, regardez; un esprit n’a ni chair, ni os, comme vous voyez que j’en ai. »  40 A ces mots, il leur montra ses mains et ses pieds. 41 Comme, sous l’effet de la joie, ils ne croyaient pas encore et comme ils s’étonnaient, il leur dit: « Avez-vous ici de quoi manger ? »  42 Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé. 43 Il le prit et mangea sous leurs yeux.

La réponse du crucifié

Comme nous le lisons, la réponse de Jésus se fait en deux temps :

  • L’exposition de ses plaies (24,39-40)
  • Le repas de Jésus (41b-43)

Entre ces deux actes, la réaction ambiguë des disciples peut nous étonner : 24,41a sous l’effet de la joie, ils ne croyaient pas encore. L’exposition des plaies montre la correspondance entre le crucifié et le ressuscité. La résurrection n’efface pas la croix mais lui donne sens : élément que nous avons vu avec les disciples d’Emmaüs. La victoire du Ressuscité est avant tout celle du Crucifié, signifié par ses mains et ses pieds. Luc précise que ce corps crucifié-ressuscité est de l’ordre du palpable. Un premier soupçon est ainsi levé : ce ne peut être un esprit, Jésus ne revient pas du Royaume des morts.

Pour les destinataires grecs de Luc, seul l’esprit du mort survivait. Dans leur conception, il n’était pas pensable de revoir un défunt avec son corps. Âme et corps sont bien distincts dans la pensée grecque : l’âme étant le tout de la personne, le corps qu’une enveloppe. Autre était la conception judéo-chrétienne qui ne distingue pas le corps de l’âme : l’être est un tout, spirituel et charnel. L’être construit son histoire, communique avec son corps et son esprit. Dans la croyance juive, l’attente de la résurrection des morts, au dernier jour, comporte une dimension corporelle. Je résume (cf. Aux sources de la résurrection pour poursuivre la réflexion.) Il en est de même pour ce repas qui, en cette occasion, n’est pas à proprement parler un repas puisqu’il n’est nullement partagé : il s’agit d’un acte isolé permettant d’affirmer la réalité de la Résurrection. Ainsi, Luc narre-t-il, dans un but pédagogique, que Jésus ressuscité se manifeste en chair et en os, palpable et mangeant, afin de redonner un véritable sens à sa vie terrestre et sa Passion et d’exprimer la Résurrection du Christ en son corps glorifié.

Joie et incrédulité

Les disciples n’ont plus à craindre que la mort entre dans leur vie. C’est le Vivant qui se tient là. Alors pourquoi ce sentiment de joie est-il associé à l’incrédulité ?

En mangeant devant eux, Luc fait de la Résurrection non pas une « apparition » en chair et en os, mais une participation. Il mange de leur poisson. Le Seigneur agit dans leur monde. Le champ d’action du Ressuscité est celui des hommes charnels. L’accueil dans la foi de la Résurrection ne se limite plus à une espérance spirituelle d’un au-delà, mais devient,  à travers ce signe du poisson consommé – nourriture la plus commune et ordinaire à l’époque – le signe de la présence du Ressuscité à leur monde. Leurs yeux (24,43) ont encore besoin de s’ouvrir à la foi en la résurrection comme une foi pour leur réalité, pour leur humanité. La Résurrection ne nie pas l’incarnation.

Czechowicz Szymon, Le Chrsit ressuscité et ses disciples, 1758

Il ouvrit leur intelligence des Écritures (24,44-48)

24, 44 Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » 45 Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. 46 Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, 47 et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. 48 À vous d’en être les témoins. 49 Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. »

La Parole du Ressuscité

L’aspect narratif du récit laisse place maintenant à un passage discursif qui met en exergue la place de la Parole de Jésus et des Écritures. Le Ressuscité leur demande, comme pour les femmes (24,6-7) et les disciples d’Emmaüs (24,19-25), un acte de mémoire, une anamnèse. La foi au Ressuscité est liée aux Paroles de Jésus à ses disciples. Mais bien plus, ces mêmes paroles et ses actes ne se limitent pas à la seule personne de Jésus. Les livres de Moïse, des prophètes comme des psaumes (les trois composantes de la Bible hébraïque, toute l’Écriture) donnent à voir la Résurrection. Jésus mort et ressuscité accomplit le dessein de salut de Dieu, il parachève sa volonté. Selon Luc, la mort et la Résurrection de Jésus ne peuvent être accueillies dans la foi, et saisies par l’intelligence, qu’au regard de toute l’Écriture. Car il ne s’agit pas d’un événement isolé mais d’un accomplissement, comme le Christ le rappelait aux disciples, sur la route d’Emmaüs : 24,27 Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait.

De même, désormais, le ministère de Jésus, sa Passion et sa glorification permettent de mieux saisir les Écritures. Le Christ crucifié-ressuscité ouvre à la compréhension des Écritures. Ainsi, la mission prochaine des disciples et apôtres est ordonnée au Christ crucifié-ressuscité : 24, 47  Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, 47 et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. 48 À vous d’en être les témoins

À vous d’en être les témoins

La mission confiée aux Apôtres et disciples est celle du témoignage fondé sur le crucifié-Ressuscité dont Luc a rapporté, à sa manière, les paroles et les actes. Ces disciples sont, ainsi, investis en son nom. Autrement dit, ils sont délégués – dirions-nous aujourd’hui – investit d’une mission qui celle du Christ : une mission de conversion dans la miséricorde et le pardon. Le Christ ressuscité révèle le dessein et le visage du Père et sa volonté de rassembler les hommes, depuis Jérusalem, lieu de la Passion et la Résurrection, jusqu’aux nations. Ce dernier mot possède une dimension géographique : les pays hors de la Judée, mais surtout religieuse : les non-juifs.

Cette mission universelle se poursuit avec le don de l’Esprit à venir. La promesse du Père s’entendra comme une présence agissante dans l’aujourd’hui des disciples et Apôtres. Ici, Luc annonce déjà le second volume de son œuvre : les Actes des Apôtres et le don de l’Esprit à la Pentecôte (Ac 2,1-36).

Singleton Copley, Jésus montant aux cieux, 1775

Il se sépara d’eux (24,50-53)

24, 50 Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. 51 Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. 52 Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. 53 Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.

Emporté au ciel

Dans l’évangile selon saint Luc, le récit de l’Ascension vient conclure l’ensemble de l’évangile. Il se situe dans la prolongement de la Résurrection : depuis le matin avec les femmes (24,1-12), au cours de la journée jusqu’au soir avec les disciples à Emmaüs (24,13-35) puis aussitôt à Jérusalem avec l’ensemble des disciples et apôtres (24,36-49). Celui qui est glorifié au ciel, auprès du Père, est bien celui qui, s’étant livré à la Passion, s’est manifesté à ses disciples.

Ainsi, l’évangile de Luc préfère mentionner Béthanie plutôt que le mont des Oliviers (Ac 1,12), afin de rappeler le seul autre moment où ce village y est évoqué. Près de Béthanie, avant son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus ordonne d’aller chercher pour lui un ânon (Lc 19,29). Ainsi, l’élévation céleste de Jésus, auprès du Père dans les cieux, est associée à son entrée triomphale à Jérusalem. Il s’agit donc pour Luc de magnifier subtilement, sans excès de merveilleux, la royauté victorieuse de celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur, manifestant maintenant cette paix dans le ciel et cette gloire au plus haut des cieux ! (Lc 19,38).

Mais il y a aussi cet autre déplacement : comme le Fils entre triomphalement auprès du Père, les disciples refont ce même chemin en entrant à Jérusalem jusqu’au Temple y bénissant Dieu. Dès lors, la bénédiction de Jésus, durant son ascension, soulignée par deux fois (v.50.51), pourrait faire écho à l’acclamation des disciples lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem : Béni soit celui qui vient. Maintenant exalté, le Christ bénit ses disciples qui reprennent son chemin et marchent à sa suite, depuis leur entrée à Jérusalem jusqu’à leur passion. L’Ascension de Jésus ouvre donc la voie de la mission des Apôtres dans le second volume de Luc.

L’absence physique du Ressuscité n’enlève pas la joie aux disciples. Au contraire, ils sont remplis d’une grande joie. Dès lors commence déjà leur mission. Ils sont à Jérusalem et au Temple à bénir Dieu. La manifestation du Ressuscité les conduit vers le lieu spirituel, cultuel et scripturaire de la rencontre avec le Père. Le Temple devient non pas, ici, un lieu de sacrifice rituel, mais un temps propice à bénir Dieu…. grâce à son Fils mort et ressuscité ce troisième jour. Il demeure ce lieu du rassemblement mais c’est devant le Christ glorifié qu’ils se sont prosternés, reconnaissent en lui, ce Messie de Dieu, Fils de l’homme, Fils de Dieu.

Master of Hohenfurth, Ascension, 1350

Deux ascensions ?

Cependant, et sans doute vous interrogez-vous : l’Ascension n’est-elle pas célébrée quarante jours après Pâques ? Effectivement, cette donnée est issue du livre des Actes, pourtant du même auteur. Là, en effet, le récit de l’Ascension se situe au terme de quarante jours depuis la Résurrection, au cours d’un repas puis au mont des Oliviers :

Ac 1, 4 Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, […] 9 tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. 10 Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, 11 qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » 12 Alors, ils retournèrent à Jérusalem depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche, – la distance de marche ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat.

L’élévation de Jésus vers le ciel s’accompagne d’une nuée divine. Il n’est plus question de Temple mais de sabbat. Les onze Apôtres qui semblent ici les seuls concernés ne se prosternent plus face à l’ascension de Jésus et paraissent au contraire comme interdit. D’ailleurs deux hommes en vêtements blancs, ressemblant à ceux du tombeau vide (Lc 24,4), les rappellent à l’ordre et leur annoncent le retour du Christ à la fin des temps. S’il fallait dresser un tableau des différences et ressemblances, ces dernières seraient plutôt restreintes. Cela a de quoi sans doute nous dérouter (cf. Commentaire d’Ac 9-11 & le podcast : Les ponts de l’Ascension)

Une réalité d’importance

Si Luc conclut son évangile par le récit de l’Ascension et que celui-ci sert aussi d’introduction aux Actes des Apôtres, c’est bien sûr qu’il joue une fonction charnière. L’Ascension de l’évangile annonce ainsi le volume des Actes, un peu à la manière d’une bande-annonce. Tandis que le récit d’Ascension des Actes des Apôtres fait mémoire de l’évangile, à la manière d’un résumé d’une saison précédente. Cette double présence lui confère ainsi une importance particulière. Celui qui a marché avec ses disciples jusque vers sa Croix est bien le Christ élevé dans la gloire du Père qui accompagnera, d’une autre manière, son Église dans l’annonce de la foi.

L’événement est bien le même mais leur fonction diffère : l’un conclut, l’autre introduit. Le récit de l’évangile insiste sur la Résurrection et la Passion en tant qu’accomplissement de l’Écriture, tandis que le récit des Actes insiste sur la Royauté du Christ et son lien avec le règne du Père.

Ainsi, dans cet évangile, l’ascension du Christ invite à reprendre l’ensemble de son ministère terrestre et sa crucifixion pour y contempler déjà la Seigneurie divine du Christ. De même, dans le livre des Actes des Apôtres, la contemplation du Christ élevé à la droite du Père renvoie les disciples à leur mission actuelle et terrestre, toujours encouragés par le prochain don de l’Esprit Saint et l’espérance du retour du Seigneur.


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François BESSONNET
François BESSONNET

Bibliste et prêtre (Vendée). → bio

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